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RSA contre bénévolat : charité bien ordonnée ?
La décision du conseil départemental du Haut-Rhin de conditionner le versement du Revenu de Solidarité Active à quelques heures de bénévolat fait polémique. A raison ?
Flickr/Walmart/CC
Allocataires, vous avez assez profité du système, il va falloir donner une contrepartie. Personne ne le dira évidemment de cette manière mais cela y ressemble furieusement. Si le projet avait déjà été évoqué il y a quelques années, c'est une première en France et les élus du Haut-Rhin viennent de donner un grand coup de pied dans le système.
Si certains applaudissent des deux mains -il faut plutôt chercher du côté droit de l'échiquier politique-, les condamnations sont aussi nombreuses. "Proposition inacceptable et irréaliste" a ainsi dénoncé ATD Quart Monde pendant que d'autres voix hurlent à l'exploitation des plus démunis.
Cette mesure suscite assurément des questions. Ne bascule-t-on pas dans une stigmatisation parfaite de l'allocataire assisté ? L'individu qui a bien évidemment choisi de ne toucher que 500 euros par mois et qui reste la journée sur son canapé à se satisfaire de son sort pendant que les autres bons contribuables triment pour leur pitance ? Les clichés ont la vie dure dans notre cher pays.
"Allons ma bonne dame, 7 heures de bénévolat ce n'est pas grand chose !" vont argumenter ceux qui ont déjà du mal à consacrer ne serait-ce qu'un peu de leur temps aux autres et qui se trouvent sans cesse des excuses pour ne s'investir dans rien ou même donner un centime. Mais pendant ces heures dans une association, une maison de retraite, une cantine, le bénéficiaire va devoir refuser de possibles entretiens d'embauche qui tomberont malheureusement au même moment ? Et ceux qui habitent loin de toute activité, comment devenir bénévole si ce n'est en dépensant de l'argent qu'ils n'ont pas ?
Si c'est une méthode pour pousser à rechercher un emploi stable, pas sûr que cela soit la meilleure solution. Bien sûr, l'idée de permettre à certaines personnes fragilisées par une perte d'emploi, progressivement isolées par un manque de moyens, de se refaire un réseau, de créer du lien social est un bel objectif. Mais est-il honnête ?
Il ne faudrait pas non plus oublier que le droit international interdit le travail gratuit. Et que pour aller plus loin, c'est la notion même de bénévolat qui serait à revoir...