Agressions, homophobie : pourquoi tant de haine ?

"On rencontre des attardés, qui pour épater leurs tablées marchent et ondulent
Singeant ce qu'ils croient être nous et se couvrent, les pauvres fous, de ridicule
Ça gesticule et parle fort, ça joue les divas, les ténors de la bêtise
Moi les lazzi, les quolibets me laissent froid puisque c'est vrai
Je suis un homme oh comme ils disent..."

Ces derniers jours, ces paroles de Charles Aznavour ont été diffusées par de nombreuses radios, beaucoup les ont fredonnées. Cette chanson dont il était l'auteur et le compositeur a, depuis sa sortie en 1972, donné de la force à plus d'un, ce sentiment d'être enfin compris. Et si aujourd'hui, les représentations LGBT+ sont beaucoup plus nombreuses dans notre quotidien, le constat fait par plusieurs associations et que l'on peut retracer avec les témoignages dans la presse est accablant  : les violences homophobes se multiplient.

Rien que ce samedi, dans le 19ème arrondissement de Paris, deux hommes s'embrassant ont été roués de coups. En septembre, un couple qui s'enlaçait a également été violemment frappé. Eux ont osé parler, porter plainte...mais combien subissent et se taisent  ?

Il aura déjà fallu pour beaucoup se battre contre soi pour s'accepter, dépasser la peur de tenir la main à son ami/e en public pour éviter les regards. Maintenant, il faudrait éviter de s'enlacer, de s'embrasser, d'avoir un quelconque geste d'affection ou même un simple regard un peu trop appuyé par crainte d'être insultés et frappés  ? Vivre avec l'angoisse permanente, agrippée aux tripes, d'être une cible parce qu'amoureux d'une personne du même sexe  ?

Est-ce la faute à une certaine parole politique qui s'est libérée et a semblé donner cette "permission de"  ? Est-ce la faute aux pouvoirs publics qui malgré des délégations interministérielles et des condamnations et communications régulières n'ont pas assez pris la mesure des choses et n'agissent pas  ? Et certains se demandent encore pourquoi la Gay Pride existe... Peut-être faut-il rappeler, à nouveau, qu'il ne s'agit pas au départ de revendiquer une quelconque fierté et de se trémousser à moitié nu sur un char en brandissant des drapeaux arc-en-ciel mais de demander des droits et d'appeler à la vigilance car rien n'est jamais acquis. Et ce qui se passe nous le prouve.

Ces violences homophobes, parce qu'il n'y a aucune autre justification à cela et aucune excuse, participent à un climat de violence gratuite qui malheureusement semble s'étendre. Chacun peut d'ailleurs en être victime demain. Pour une cigarette refusée, pour un simple mot de trop, pour trois fois rien, parce qu'on est juste un homme amoureux d'un homme, une femme amoureuse d'une femme. Est-ce trop demander de vouloir vivre tranquilles, heureux ?

"Nul n'a le droit en vérité
De me blâmer de me juger et je précise
Que c'est bien la nature qui
Est seule responsable si
Je suis un "homme oh" comme ils disent"