Congé parental : ce qui va changer, demain et en 2015
La rumeur courait depuis ce week-end. Elle a été confirmée hier. Mais à demi-mot. Le congé parental va être raboté… Mais on ne sait pas dans quelle mesure. Sous couvert d'égalité hommes-femmes, cette réforme doit surtout permettre à la sécurité sociale de faire des économies.
L’info. Pour renflouer les comptes de la sécurité sociale, Marisol Touraine a présenté, hier, une série de mesures. Parmi elles : la réduction du congé parental, une prime de naissance divisée par trois, ou encore une diminution de 20% du complément de mode de garde pour les familles les plus aisées.
Le problème. Le congé parental, d’après les informations du Parisien devrait être sérieusement raboté dès 2015 : 18 mois seulement, sauf si les deux parents le partagent. Et C’est bel et bien cette mesure qui a créé un véritable tollé dans la classe politique comme dans l’opinion publique. Sous couvert de favoriser l’égalité homme/femme et d’encourager les pères à s'occuper de leurs enfants, le gouvernement entend surtout économiser 400 millions d'euros en pariant sur le fait que les pères ne prendront pas leur congé parental. En résumé, l’Etat ne subventionnera plus qu’un an et demi au lieu de trois !
Le chiffre. Aujourd’hui, le congé parental concerne un tiers des parents et est utilisé à 97% par les femmes.
Ce qui change déjà au 1er octobre. Aujourd'hui, le congé parental permet aux parents salariés d'interrompre leur activité professionnelle pendant une durée de trois ans maximum. A compter de ce mercredi, il ne sera plus que de deux ans et demi. Les six mois restants ne seront accordés que s’ils sont pris par le deuxième conjoint. De plus, depuis le 1er avril dernier, la revalorisation du complément de libre choix d'activité a été supprimée.
Ce qui devrait changer en 2015. Le congé parental ne sera alors plus que de 18 mois. A moins que le second parent ne prenne les 18 mois restants. Reste à savoir si ces durées seront effectivement celles choisies par le gouvernement. Pour l’heure, Marisol Touraine n’a pas tranché. Il faudra attendre le décret pour savoir à quelle sauce le congé parental sera finalement mangé.
La polémique. Si ce sont majoritairement les femmes qui prennent un congé parental, c’est parce qu’elles gagnent généralement moins que leurs conjoints. La nouvelle mesure du gouvernement ne fait donc pas beaucoup d’adeptes. Sur l’échiquier politique, la droite et la gauche se retrouvent même. Christine Boutin, présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate, a résumé la situation en déclarant : "Au nom de l'égalité hommes-femmes, les femmes perdent encore leurs avantages". De son côté, Patrick Chrétien, président de l'association Familles de France, s’est demandé : "Le gouvernement veut-il tuer la famille" ? De son côté, Karima Delli, députée européenne Europe Ecologie a tweeté : "#Valls fait rimer congé parental avec #austérité: comment faire des économies sur le ventre des mères". Ce nouveau rabot est d’autant plus critiqué que la majorité des familles pâtissent du manque de solutions de garde pour leurs enfants. Le gouvernement a promis 100.000 places de crèche supplémentaires d’ici à 2017, mais la CAF a d’ores et déjà prévenu au début du mois que l’objectif ne serait pas tenu.
Vu de Twitter. Depuis hier, les internautes se déchainent. Jean-Pierre Denis a raillé : "Tiens ! Jamais en panne d'idées pour mobiliser ses opposants, le gouvernement réduit le congé parental à qq jours de @LaManifPourTous". De son côté, Anne-Cécile Mailfert la porte-parole de l'association "Osez le féminisme", pourtant étiquetée proche du PS, a rappelé le véritable fond du problème : "Sans la revalorisation des métiers féminisés, réduire le #congéparental ça s'appelle faire des économies sur le dos des femmes précaires". Certains sont même allés plus loin sur le site de micoblogging, comme Hérisson Dissident : "Réduction du congé parental : ne concerne que ceux qui bossent, ceux qui vivent des allocs ne sont pas concernés...". Enfin, il y a ceux qui ont choisi l’humour à l’instar de Miss Killeuse : "Et puis ceux qui pensent qu'on s'enrichit pdt un congé parental... c'est 389 € hein. C’est pas avec ça qu'on va pouvoir s'acheter du Prada".