Hommage à Mandela : Hollande et Sarko dans deux avions
Les dirigeants du monde convergent vers l'Afrique du Sud. François Hollande a invité son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à l’accompagner. Contrairement au plan initial, l’actuel et l’ex-président seront dans le même bateau, mais pas dans le même avion.
L’unité nationale n’aura pas duré longtemps. Pourtant, tout avait bien commencé. François Hollande a, en effet, proposé à Nicolas Sarkozy de l’accompagner en Afrique du Sud pour l’hommage à Nelson Mandela. Un voyage à deux, placé sous le signe de la réconciliation. Une invitation que l’ancien chef de l’État s’est empressé d’accepter. Certaines mauvaises langues ont tout de suite crié à la comédie politique, estimant que l’actuel président tentait de redorer son blason. D’autres ont sauté sur l’occasion pour soupçonner Nicolas Sarkozy de trouver un moyen pour revenir sur le devant de la scène internationale. Peu importe… L’union des ennemis d’hier pour rendre hommage au père de la nation arc-en-ciel était une belle image.
Même Jean-Marc Ayrault a été mis à contribution pour que François Hollande et Nicolas Sarkozy puissent convoler en justes noces. En voyage en Chine, le premier Ministre a dû écourter son déplacement afin de ramener l’A330 de l’Élysée à temps pour le déplacement du président et de son invité.
Alors que les deux protagonistes discutaient des derniers détails, coup de théâtre ! L’A330 restera sur le tarmac parisien. Nicolas Sarkozy et François Hollande voyageront finalement à bord de deux avions différents ! Ils arriveront néanmoins ce matin, en même temps, à Johannesburg en Afrique du Sud. Officiellement, cette décision a été prise pour "des raisons pratiques, techniques et économiques".
Des raisons économiques ? Selon Europe 1, une heure de vol à bord d'un Falcon X coûte 8.000 €. Deux avions, donc 16.000 €. Il faut comptez 20.000 euros de l’heure sur l’A330. Mais la réalité n’est-elle pas plutôt liée à des raisons politiques ? On se rappelle encore la passation de pouvoir glaciale en mai 2012, lorsque François Hollande n'avait même pas raccompagné son prédécesseur sur le perron de l’Élysée. Alors comment les imaginer partageant l’espace restreint d’un avion durant une dizaine d’heures ?
Dans ces circonstances, pourquoi François Hollande a-t-il tenu à inviter Nicolas Sarkozy de manière officielle ? D’abord parce qu’Obama a lui-même proposé à Bush de l’accompagner. Ensuite, parce que le président de la République, au plus bas dans les sondages, a besoin de surfer sur la vague de l’union nationale. Seule ombre au tableau, les Français commencent à se lasser des subterfuges politiques. Et cette entente de façade risque bien de produire l’effet inverse à celui escompté.
Sur Twitter, détracteurs et amuseurs s’en sont donnés à cœur joie. Comme La France : "En Afrique du Sud je sens qu'on va beaucoup entendre : c'est qui le petit gros à côté du président Sarkozy ?". Ou encore Pano Ramix qui pense à l’environnement : "#Mandela: 3 Falcon pour Soweto il en pense quoi #N_Hulot? Exemplarité #Sarkozy #Hollande et la taxe carbone pour le petit peuple pollueur". De son côté ?asL'Pompon#Ps tire la sonnette d’alarme : "ALERTE ! Les aiguilleurs du ciel ont perdu la trace du Falcon de Hollande. Celui de Sarkozy est toujours sur les écrans... Non, je déconne". A moins que ce ne soit Jérôme Verder qui n’ait raison de relever le titre du Nouvel Obs : "Hollande - Sarkozy : vol 2017 pour Johannesburg ?"
Quoi qu’il en soit, François Hollande et Nicolas Sarkozy assisteront ensemble, aujourd’hui, aux obsèques de Nelson Mandela. Comme Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac ont assisté côte à côte aux obsèques d'Omar Bongo, le président du Gabon en 2009. Comme François Mitterrand et Jacques Chirac ont célébré l'armistice ensemble, en 1995.