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L'Humeur

Journalistes "abrutis" et "menteurs"» : rien d’autre Monsieur Mélenchon ?

Une nouvelle fois, le leader de la France Insoumise s’en est pris à la presse. Et cela commence à bien faire.

Il devrait y avoir un calendrier spécialement fait pour nous. Car c’est à croire que c’est désormais notre fête tous les jours.

C’est même mérité à en croire certains. Parce que c’est bien connu : les journalistes sont incapables de bien faire leur job. On l’entend d’ailleurs assez souvent. Il y a le mode élégant "les journaleux d’t’façon ils racontent que des conneries", le mode très franc "non parce que les journalistes tu sais hein bon..." ou le mode sympathique "toi dégage avec ton métier de merde". Et ce n’est qu’un aperçu car on serait presque tentés aujourd’hui de passer une commande nationale groupée de ponchos vu tout le torrent de crachats et de discours postillons que l’on se prend. Et Jean-Luc Mélenchon est loin d’être le premier.

C’est bien simple. Aujourd’hui, très souvent, quand on donne notre profession, on attend toujours ce qui va suivre à un moment donné. Que tous les journalistes sont des menteurs, pas fiables, fans absolus d’Emmanuel Macron. Nous sommes mêmes des spécialistes de l’usure de tapis tant nous rampons devant les lobbyistes et les grands patrons de presse. Tous, pas un n’y échappe. Nous ne sommes qu’une masse grise sans aucun caractère ni aucune différence. Et sans talent évidemment.

Et puis l’argent ! Ah l’argent ! "Les journalistes, payés grassement à ne rien foutre et avec leur abattement fiscal, c’est pas une honte ça ?!". Si cette niche est certainement discutable aujourd’hui -comme bien des avantages dans d’autres professions-, c’est vrai que chaque matin, on sort le dernier SUV du garage pour filer à la rédaction où la réunion quotidienne ne sert qu’à se demander ce qu’on va faire pour plaire au pouvoir en place, aux décideurs et comment surtout on va pouvoir se tourner le plus les pouces pour gagner un max. Voilà, c’est ça être journaliste.

Ce n’est pas avoir son métier tellement dans les tripes que nous sommes prêts parfois à des sacrifices, à rentrer chez nous alors que tout le monde dort, à rater des événements auxquels on avait pourtant promis d’être, à reporter des jours de repos parce que l’actu prend le dessus, bosser des jours sur un sujet qui au final ne donnera rien. Ce métier est tellement simple qu’on ne vit jamais de moments que l’on ne souhaite à personne, des reportages qui vous retournent et qui laissent une trace indélébile. Ce n’est pas non plus pour certains courir d’un coin à l’autre de la France parfois pour une seule journée ou deux pendant des années en espérant un contrat moins précaire, proposer des idées que l’on nous refuse avant de les voir paraître comme par magie dans le magazine contacté, se faire payer une misère pour un long et éprouvant travail. Voilà, c’est ça être journaliste pour ceux qui le "vivent" vraiment.

Ce métier on l’aime, profondément. Et si nous sommes loin d'être parfaits, s’il y a comme dans toutes professions des confrères et consœurs qui nous agacent avec leurs questions stupides, leurs manières de transformer chaque point presse en mêlée de rugby ou une actu en urgence qui n'en est pas une, donnant une mauvaise image de notre activité, on y tient et on la défend.

Et aux donneurs de leçons, à ceux qui pensent qu’ils feraient forcément mieux : vous êtes les bienvenus dans notre "caste de privilégiés". Il paraît que c’est à la portée de n’importe quel abruti.

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