Medef : provocation ou effet d’annonce ?

Depuis 48h, rien ne va plus. Un "document de travail" du Medef a été publié par Les Echos. On y retrouve un ensemble de propositions qui auraient dû être annoncées demain lors d’une conférence de presse. Sauf qu’avec cette fuite médiatique, les syndicats sont déjà montés au créneau parlant de "provocation" et "d’outrage". Devant le tollé provoqué, le Medef a finalement décidé de reporter d’une semaine la présentation de son projet.

Le document polémique du Medef, intitulé "Comment relancer la dynamique de création d'emplois en France ?" liste une série de mesures que le Medef juge nécessaire de mettre en œuvre pour créer un million d'emplois. Voici les mesures qui ont suscité réactions et indignation.

Supprimer deux jours fériés

Pour le Medef, "le nombre de jours fériés (11 au total) et les complexités d’organisation qu’ils induisent sont un frein à la croissance et donc à l’emploi". Supprimer deux jours fériés par an permettrait un gain de 1?% de croissance et la création de 100.000 emplois.

Créer un salaire inférieur au smic

Pour le Medef, il faut déroger au salaire minimum en instaurant un revenu transitoire inférieur au smic pour les "populations les plus éloignées de l'emploi et qui pourrait être complété par des allocations sociales afin de garantir un pouvoir d'achat équivalent au smic". Cette mesure doit permettre de créer entre 50.000 et 100.000 emplois en cinq ans.

Assouplir les 35 heures

Le Medef veut "en finir avec le principe d'une durée légale imposée à toutes les entreprises" et préconise de faire primer les accords majoritaires d’entreprise sur le contrat individuel. Chaque entreprise, après accord, pourrait donc décider de la durée du travail, du seuil de déclenchement des heures supplémentaires et de l’aménagement du temps de travail.

Travailler le dimanche

Pour le Medef, permettre aux commerces d’ouvrir le soir et le dimanche augmenterait, à terme, de créer 50.000 à 200.000 emplois dans le tourisme, et 40.000 à 100.000 dans le commerce et la distribution.

Créer un contrat de projet

Exit le CDI. Voilà le contrat à durée indéterminée qui prend fin quand le projet ou la mission pour lequel vous avez été embauché est fini. Ce type de contrat existe déjà dans le bâtiment, mais le Medef voudrait le généraliser à tous les secteurs d’activité.

Ces mesures, et toutes les autres, doivent permettre à Pierre Gattaz, le président du Medef, d’atteindre son objectif : la création d’un million d’emplois. Pourtant, devant les réactions hostiles, un porte-parole du Medef a rapidement déclaré qu'il s'agissait d'"éléments de travail" qui "ne correspondent pas exactement aux propositions que fera le Medef dans les prochains jours". Mais c’était sans compter sur Pierre Gattaz qui a accordé un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France ce matin dans lequel il persiste et signe : "Notre modèle social a vécu, il n'est plus adapté", "Les 35 heures appliquées de manière uniforme, ce n'est plus d'actualité", ou encore "Les mots interdits, les tabous, ça suffit".

Quoi qu’il en soit, les syndicats ont parlé de "provocation" rejetant d’emblée "toutes ces pistes". Jean-Claude Mailly, le numéro un de FO, s’est même interrogé : "la prochaine étape, c'est qu'on va faire travailler les enfants?". Un sentiment largement partagé par les internautes qui se sont défoulés sur Twitter, comme Guillaume qui a écrit : "Le #Medef propose de rétablir l'esclavage". De son côté, SaloméRainbow donne un bon conseil à Pierre Gattaz : "Pour simplifier le Code du Travail, le #Medef devrait le supprimer. Ce serait cohérent, non ?". Le président du Medef n’a pas beaucoup de soutiens. BOBY a même tweeté : "@PierreGattaz le type qui fait passer @LaurenceParisot pour une bolchevik". Et le mot de la fin revient cette semaine à Damien Clauzel : "Le Medef reporte l'annonce de ses propositions pour l'emploi. Le #Medef, c’est pas de cœur et pas de couilles". C’est dit !