Walhalla
Petite histoire des congés payés
Cette année, des millions de Français vont à nouveau partir en vacances. Mais depuis quand est-ce possible ? 1936, le Front Populaire, Weekly vous raconte tout.
Flickr/122/CC
Avant le milieu des années 20, c'est bien simple, pour la plupart des travailleurs la question de partir en congés ne se posait même pas. Pourtant, certains en profitaient déjà, comme les fonctionnaires, qui, depuis 1853, pouvaient s'absenter 15 jours sans perdre de salaire. Des employés de bureau, puis quelques ouvriers ont suivi au début du XXème siècle, quelques organisations syndicales ont également commencé à se faire entendre après la Première guerre mondiale mais les loisirs et les vacances étaient surtout réservés à une classe aisée.
L'arrivée de la gauche en France change la donne, même si au départ la principale préoccupation est de réduire la durée du temps de travail et non pas l'occupation du temps libre qui en découle. En 1925, le ministre du Travail Antoine Durafour tente le dépôt d'une proposition de loi sur les congé payés mais elle est rejetée par le Sénat.
Il faudra attendre une dizaine d'années, et l'arrivée du Front Populaire, pour que la situation évolue réellement. Nous sommes en 1936 et après la victoire du parti de Léon Blum aux législatives, une grève des travailleurs touche toute la France. Et parmi leurs revendications figurent les fameux congés payés, qui n'apparaissaient même pas au départ dans le programme électoral du Front Populaire. Le mouvement est d'une ampleur telle que des négociations s'ouvrent avec le patronat et débouchent sur la rédaction d'un texte en quelques semaines.
Le 11 juin 1936, la loi sur les congés payés est votée à la quasi-unanimité à la Chambre des députés, à 563 voix contre 1. Une semaine plus tard au Sénat, 295 élus se prononcent favorablement et ils ne sont que 2 à s'y opposer. La loi est promulguée le 20 juin.
Les Français peuvent désormais partir en vacances l'esprit tranquille, sans perdre leur rémunération. Au départ, ce sont deux semaines qui sont accordées. Cela ira en augmentant : trois semaines en 1965, un mois en 1969 et c'est en 1982 que la durée passe à cinq semaines. Une chance non ?
En 1942, lors de son procès par le régime de Vichy qui lui reproche cette avancée sociale, Léon Blum répondra : "Le loisir n'est pas la paresse, c'est le repos après le travail, la santé pour l'ouvrier et aussi une réconciliation avec la vie naturelle dont il est souvent frustré".